Lorsque j’ai vu cette photo, j’ai d’abord ri.
Puis j’ai réfléchi :

En effet, nos aires de jeux n’ont plus grand chose à voir aujourd’hui (cf la photo de celle qui est à côté de chez moi) : on monte moins haut, on peut être beaucoup moins nombreux sur l’aire en même temps… et même le sol est caoutchouteux (à défaut des enfants, on s’est rabattu sur le sol 😉 pour éviter les chutes graves.

Est-ce une bonne chose ?
On pourrait penser que protéger nos enfants est toujours une bonne idée. C’est vrai que si on peut éviter de se retrouver aux urgences hospitalières… C’est sans doute mieux.

Cependant je reste dubitative.

Notre société (malgré ce que l’on peut en penser) n’a jamais été aussi sure : les aires de jeux, la voiture, les cours d’école et même les couverts en plastique… et, cerise sur le gâteau, les téléphones portables qui permettent d’appeler en cas de danger ou problème.
Mais quel est ce monde que nous présentons aux enfants en les protégeant de tout ?

Aujourd’hui un enfant qui grandit en étant un peu informé de l’actualité pense que :
– le réchauffement climatique va tuer l’humanité
– à moins que ce ne soient les russes avec une bombe nucléaire
– tout est trop cher, on ne peut plus vivre correctement avec un – voire deux – salaires.
– ils peuvent croiser des pervers soit sur la route, soit sur les réseaux
– grimper à un arbre, sur un portique, rentrer à pieds d’une soirée ou en voiture avec quelqu’un d’alcoolisé, mais aussi dormir sur place, rester seul avec un adulte (un homme) peut-être un grand risque pour ton corps, sur internet tu peux être confronté à des insultes, des images violentes mais aussi jouer dans la neige (beaucoup d’écoles ne laissent plus les enfants aller jouer dans la cours s’il y a de la neige), jouer à s’enterrer dans le sable, sauter et se rouler dans des flaques est dangereux…

Bref, le message que nous faisons passer en effet à nos enfants est « ce monde est dangereux. Le danger peut arriver de n’importe où.. Et même de toi si tu ne t’agrippes pas bien quand tu grimpes, si tu joues… ».

Franchement, ça vous donnerait envie de grandir vous, ce type de message ? De rejoindre le monde adulte pour y prendre part ?

Moi, clairement, non.

Donc la question qui me trotte dans la tête est : comment donner envie à nos enfants, ados… de rejoindre ce monde adulte afin – espérons-le – de le rendre plus humain et plus vivable ?

Sincèrement, il y a plein de moyens, et beaucoup d’auteurs qui parlent des risques de la « sur-protection ». Dans d’autres posts je pourrai vous parler de Léonor Skenay,  du livre « arrêtez de porter son cartable », des parents hélicoptères… Mais là, tout de suite, le seul conseil que j’ai envie de vous donner, qui me semble TELLEMENT ESSENTIEL serait de changer vos paroles :

Quand vos enfants sortent, au lieu de leur dire : « fais attention ! », si on tentait « vas-y, fonce ! Fais des expériences, prends des risques, OSE ! » que se passerait-il pour eux ? (bien entendu, cela ne nous empêche pas, à d’autres moments, de parler avec eux des risques de telle drogue, de la valeur qu’a notre corps et de comment le protéger… mais… pas tout le temps, pas au moment où ils sortent).
Et puis… s’ils se cassent la cheville parce qu’ils ont grimpé à un arbre… Est-ce grave ? C’est ennuyeux, oui car ça va nous obliger à ré-organiser notre quotidien. Mais grave ???