Mes chers parents pétillants,
Cet article arrive bien plus tard que je l’avais prévu… j’en suis désolée. Mais un – non deux covid – à la maison… dont le mien, plus une longue grippe de l’une de mes filles… ont un peu décalé mes activités.
Donc il y a… un moment, je vous racontais ce que j’avais mis en place pour aider ma fille à mieux affronter l’école. Je vous disais également que les planètes s’étaient alignées pour que je puisse aller suivre la formation de Marie, qui aidait les jeunes à sortir du harcèlement.
Je suis donc allée suivre cette formation. J’y ai découvert « la thérapie brève », « l’école de Palo Alto » et surtout, surtout Grégory Bateson. Cet incroyable anthropologue, d’une intelligence exceptionnelle, touche à tout… est à la base de la création de TOUTES les méthodes d’accompagnement qui ne sont pas freudiennes. (thérapie brève, coaching, analyse transactionnelle, thérapies systémiques, thérapies orientées solution… etc…)
Je vous invite, si cela vous intéresse, à chercher sur internet les apports de Bateson, de son école de Palo Alto, du Mental Research Institute créé par Bateson et Erickson et Don Jackson.
Voici ce que dit l’article de Cairn sur la base des apports de Bateson : « La grande nouveauté apportée par l’École de Palo Alto est d’avoir mis la communication interpersonnelle au centre de sa vision et d’en avoir proposé une formalisation rigoureuse élaborée autour de quelques grands principes : le primat de la relation sur l’individualité ; le fait que tout comportement humain a une valeur communicative et que tous les phénomènes humains peuvent être perçus comme un vaste système de communications qui s’impliquent mutuellement ; l’hypothèse que les troubles de la personnalité ou du psychisme peuvent être ramenés à des perturbations de la communication entre l’individu, son entourage et le contexte dans lequel il évolue ». Il travaille aussi sur la double contrainte, le but conscient… peu importe.
Le rapport avec le harcèlement ? C’est que cette vision nous apprend que le harcèlement n’est pas une question de PERSONNES, mais bien d’INTERACTIONS ; Ainsi, on comprend que chacun peut se retrouver cible ou intimidateur. Mais que la réponse apportée dans un cas comme dans l’autre va créer une sorte de « cercle vicieux » ou chaque interaction va renforcer celle de l’autre : « plus je fais ce que tu me demandes, plus tu deviens exigeant ou maltraitant (alors que moi j’espère que tu seras plus gentil) ».
Ainsi j’apprends lors de la formation à repérer ce cercle vicieux dans lesquels sont enfermés les enfants cibles de harcèlement. A repérer leurs réactions, celles des intimidateurs. A repérer les doubles-contraintes, les but conscients… Bref, à analyser ce qui maintient la cible et l’intimidateur dans leur fonctionnement. Et j’apprends des techniques pour mettre fin à ces cercles vicieux.
C’est avec cela que je reviens chez moi. Et, concrètement, je change deux choses avec ma fille Hortense : j’arrête de tenter de minimiser ce qu’elle vit. Quand elle me dit « j’ai peur de me retrouver tout à fait seule, de ne plus avoir personne du tout avec qui être » , au lieu de lui répondre, comme avant « mais non ma chérie, ça n’arrivera pas… tu sais bien que X et Y t’aiment bien, qu’elles ne te laisseront pas tomber »… je dis l’inverse « oui, tu as raison ma chérie. Ça pourrait arriver. Et c’est terrible. Personne n’aimerait vivre cela et je comprends que ça soit terrifiant pour toi ».
Vous allez penser que je manque d’empathie en faisant cela, que j’enfonce ma fille. C’est exactement l’inverse qui se passe : je reconnais sa peur, je reconnais que cette peur est légitime et que ce qu’elle vit est terrible. Et cela – rien que cela – crée avec ma fille une alliance super forte. Elle se sent comprise… et rejointe.
Je fais d’autres choses, qui pour le coup, ne sont accessible qu’à des pros formés : le travail sur la honte et sur la peur par exemple. Et l’analyse de ce cercle vicieux dans lequel elle est prise et qui aggrave la situation.
Une fois que cela est fait, alors je peux réfléchir avec elle à la façon dont elle pourrait… faire quelque chose de totalement différent de ce qu’elle a tenté jusqu’à présent… et qui lui permettrait de sortir de son cercle vicieux. C’est elle qui en a l’idée : nous sommes au début des vacances, elle va arrêter de répondre aux messages de son intimidatrice. C’est ce qu’elle fait. Ambre ne comprend pas. Insiste. Hortense ne répond pas. Le jour du retour à l’école, Ambre va voir Hortense et lui demande « tu as eu un problème avec ton portable ? ». La réponse de ma fille est laconique « non ». Ambre insiste « mais alors pourquoi tu ne me répondais pas ». Hortense « parce que tu n’es pas une amie. Une amie ne me traiterait pas comme cela. ». Ambre se tait. Réfléchit : « mais je n’ai rien fait de mal. » (non mais quel déni !!!!). Ma fille ne se démonte pas « ah bon ? et bien j’ai raison de dire que tu n’es pas mon amie. Une amie ne me dirait pas et ne me ferait pas faire tout ce que tu as fait avec moi. Au revoir Ambre. » et ma fille… s’en va. Laissant seule Ambre. Whaou…. Quel retournement de situation ! Ma fille n’a plus peur d’être seule, ma fille ne s’accroche plus à Ambre.
Et bien vous savez ce qu’il se passe ? Ma fille ne se fait plus harceler. Elle a passé quelques journées seule au lycée, mais nous nous y étions préparées. Comme elle le vivait bien, d’autres amies sont venues la voir. Et très vite elle n’a plus été seule. Ambre aussi est revenue. Hortense a accepté… à partir du moment où elle se comportait bien. Et de façon beaucoup plus légère qu’avant.
Finalement, après avoir bien réfléchi, ma fille nous a demandé de la changer de lycée. Ne pas aller dans le lycée de secteur dont elle dépendait : en effet, même si elle avait réussi à s’en sortir, elle pensait avoir une image de fille « faible ». Et elle voulait repartir à zéro. Nous avons donc cherché un lycée où elle se sentirait bien. Elle est devenue interne. Et s’est fait « de vraies amies ». De celles et ceux que l’on conserve jusqu’à la fin de sa vie. Aujourd’hui, notre fille fait sa 4ème année d’études. Elle va bien. C’est une jeune femme magnifique. Elle est d’ailleurs partie en vacances avec sa classe. Ce qu’elle a vécu a bouleversé sa vie, la nôtre… mais l’a aussi rendue plus forte. Je suis certaine que plus jamais elle ne laissera la traiter comme Ambre a pu le faire.
Ainsi, j’aimerais que vous, qui avez lu ces articles, vous puissiez repartir avec deux choses : l’espoir, le vôtre à partager avec votre enfant qui vit cet enfer, qu’il Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE A FAIRE ; Que l’on croit souvent que l’on a tout essayé… mais en réalité, on a tout essayé « dans le même sens ». Et que des professionnels peuvent aider votre enfant, ado… à tester des choses tout à fait nouvelles.
Et que vos enfants qui vivent cet enfer font preuve d’un courage EXTREME. Pour moi, elles font partie des personnes les plus courageuses au monde. Parce que nous, adultes, si nous vivions un quart de ce qu’elles peuvent vivre… Nous nous ferions faire faire un arrêt de travail longue durée. Elles continuent à aller à l’école, au collège, au lycée. Quel courage ! Dîtes leur que vous les admirez, car elles se sentent tellement nulles, qu’elles ne sont plus capables de voir leurs qualités et leurs forces.
Et si cela arrive à votre enfant et que vous ne savez pas quoi faire… contactez-moi ! ICI
Epilogue :
L’an dernier Hortense a repris contact avec Ambre. Elle a dit qu’elle devait lui parler. Ambre a accepté. Elle se sont vues pendant de longues heures. Hortense a pu raconter ce qu’elle avait vécu. Ambre a semblé surprise « vraiment ? Ah bon ?… » et a dit qu’elle allait y réfléchir et revenir vers ma fille. Ce qu’elle n’a jamais fait. Mais Hortense après cet épisode qui lui a demandé beaucoup de courage m’a dit « ça y est maman. Il aura fallu 6 ans, mais là je viens de mettre un point final à cette histoire. Désormais elle est derrière moi et j’en suis guérie ». Elle m’a aussi autorisé, à partir de ce