Je souhaite aujourd’hui évoquer tous les terribles événements de la semaine dernière. L’horreur de cet attentat, de ces guerres qui tuent tant d’innocents.
Toute mort violente est effroyable. Quand ce sont des enfants qui meurent, des jeunes qui ont leur vie devant eux qui meurent, des parents qui laissent de jeunes enfants orphelins, cela me touche tout particulièrement. Et quand c’est un professeur qui est assassiné, qui aime tellement les jeunes qu’il a fait le choix d’enseigner et de consacrer sa vie professionnelle aux adolescents pour leur partager notre langue, notre culture, les amener à réfléchir, je suis tout autant émue et scandalisée. Je crois que nous le sommes tous. Je l’espère.
Et je me demande ce que nous, parents, pouvons faire de cela ? Devons-nous en parler à nos enfants ? Comment ? Et que dire à ces jeunes à qui « on » présente un monde peu ragoutant… Crises écologique, sociale, économique, guerres, assassinats… Difficile de se construire dans ce monde et difficile d’avoir envie de grandir.
Or j’ai un mantra dans la tête quand ce genre d’événement se produit ; j’ai l’impression qu’il est de moi, mais peut-être pas… et ça n’a aucune importance. Ce mantra c’est « l’impuissance mène au désespoir ». Ce qui détruit l’espoir (dé-s-espoir) c’est d’avoir l’impression de subir et de ne rien pouvoir changer. Du tout.
L’école l’a compris qui a organisé hier une journée d’hommage aux victimes de ces horribles attentats. Car oui, Dominique Bernard vient rejoindre le martyr de Samuel Paty. la minute de silence, ça peut sembler anodin, ça ne l’est pas : c’est symbolique de la reconnaissance et d’un hommage que l’on rend à ces personnes disparues dans ces conditions atroces.
Et nous parents, que pouvons nous faire ?
D’abord en parler à nos enfants : puisque l’école en parlent, on ne peut pas le cacher. Demandons à nos enfants comment ils vivent cet événement. Ce qu’ils en pensent, si cela provoque de la colère, de la peur ou toute autre émotion. Et accueillons cette émotion avec beaucoup d’empathie. Bien entendu, en parler, c’est utiliser les mots et les phrases adaptés à l’âge et la sensibilité de chacun.
Réfléchir ensemble : y a-t-il quelque chose que tu aimerais faire, que tu pourrais faire, pour ne pas te sentir impuissant ? Cela peut être : porter un tee-shirt noir cette semaine, allumer une bougie dans la maison ou sur le rebord de la fenêtre, prier pour ceux qui sont croyants, faire un dessin, une lettre… qui pourra être déposée dans un lieu symbolique ou envoyé au cimetière où sera enterré Dominique Bernard. Cela peut être d’écrire, avec lui, pour lui ou le laisser faire, et lui proposer de bruler ou non cette lettre ensuite. Les idées sont innombrables et même si elles sont symboliques, elles doivent être entendues et mises en place. Parce que l’impuissance mène au désespoir. Donc poser un acte symbolique est très très important pour nos enfants… et sans doute pour nous aussi.
Rassurer : et puis il me semble important d’être aussi là pour rassurer nos enfants, par exemple en leur disant quelque chose de cet ordre là : « bien entendu ce qui s’est passé est très très grave. Mais nos dirigeants ont pris la mesure de la gravité. Ils mettent en place des mesures pour éviter que cela se reproduise. Et puis si jamais je pensais que tu pouvais être en danger, je serai là, nous tes parents seront là pour te protéger. Tu peux compter sur nous. Nous mettrons tout en place pour que tu continues de te sentir en sécurité. »
Parce que notre rôle de parents et d’éducateurs, c’est AUSSI de montrer à nos enfants que ce monde n’est pas tout noir. Qu’il peut y faire bon vivre, et que nos enfants doivent et peuvent grandir et y trouver une place qui les rendra heureux. Notre rôle de parent c’est aussi d’accompagner nos enfants pour qu’ils passent du désespoir… à l’espérance.