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Est-ce qu’on est grand à 18 ans ?

Ma dernière fille, mon « petit bébé » puisque la 4ème enfant et donc la dernière de la famille a eu 18 ans hier. Cela fait un moment qu’elle attend cela : « tu verras quand j’aurais 18 ans » , « de toutes façons bientôt tu ne pourras plus rien me dire parce que je serai majeure »… et elle y croit. Bien que ses 3 grands frères et soeurs l’aient prévenue « tu sais, ça ne change rien 18 ans »… elle continue d’y croire : à 18 ans, on est LIBRE ! On fait ce que l’on veut parce qu’on est GRAND ! Heu… vraiment ? Non, je ne crois pas en fait !
 
Être « grand à 18 ans » ou plutôt être majeur à 18 ans, c’est au Président Valéry Giscard d’Estaing qu’on le doit : c’est  l’article  414 du code  civil qui l e dit : la majorité est fixée à dix-huit ans accomplis ; à cet âge, chacun est capable d’exercer les droits dont il a la jouissance depuis le 5 juillet 1974. avant, et depuis 1907, c’était à 21 ans que l’on était majeur.
Je me suis souvent demandé pour quelles raisons cette décision, que personnellement je trouve inadaptée, avait été prise. Certainement – entre autres – pour des raisons électoralistes. Mais ceux qui ont voté cette loi ont ils vraiment regardé un jeune de 18 ans ? Et surtout ils n’ont certainement pas vu l’avenir et ne savaient absolument pas à quoi ressembleraient des jeunes de 18 ans dans les années 2020…
 
Qu’est-ce qui change à 18 ans ?
– On devient responsable civilement, parce que pénalement, on l’est depuis nos 13 ans.  Civilement, cela veut dire que l’on peut signer un contrat sans la contre-signature de ses parents, que l’on peut acheter ou louer un bien.
– Si on a été recensé à 16 ans, on est d’office inscrit sur les listes électorales et donc on peut voter aux diverses élections.
– On devient seul gestionnaire de son compte en banque.
– la signature devient valable sur les actes civils, on ne signe plus « pour jouer » mais pour s’engager, engager sa responsabilité.
– on peut agir en justice,
– on peut se marier
– et passer son permis de conduire (mais ça bientôt ça se fera avant 18 ans).
– se déplacer à sa guise. Ainsi si des parents s’inquiètent et vont informer le commissariat de la disparition de leur enfant, il n’est pas certain que celui-ci agisse aussi vite qu’avec un mineur.

 
Et les devoirs ?

Mais plus de droits veulent dire aussi plus de devoirs… c’est comme  une médaille à deux faces et l’un ne va pas sans l’autre. 
 
Et donc : 
– signer un contrat, parfait… mais si c’est pour un achat ou une location, mieux vaut avoir de l’argent sur son compte, car les parents peuvent, eux, refuser de se porter caution.
– gestionnaire de son compte en banque : pour certains ce sera facile, car ils ont pris l’habitude avant, car ils ne sont pas dépensiers… mais pour d’autres, cela risque d’être la douche froide. Les banquiers le savent qui n’autorisent généralement pas de découvert aux plus jeunes… Et vous parents pouvez insister sur ce point si votre enfant ouvre son compte dans votre banque.
– l’engagement civil lorsque l’on signe implique une forte responsabilité : si votre enfant a trouvé un travail temporaire ou définitif, ce ne sera pas comme à l’école : il ne se passe pas grand chose en cas d’absence, sauf à ce que les parents justifient l’absence ou que le jeune soit puni. Là, la « punition » ça peut être la fin du contrat pour faute, si le jeune est en retard ou ne se présente pas. Il ne me semble pas inutile de le leur rappeler, et ce même pour les jours où ils ont mal à la tête ou mal au ventre.
 
Et pour le reste, les conséquences sont aussi à rappeler à nos enfants :
« OK, tu veux partir vivre loin de nous. OK, tu veux t’acheter une voiture. OK, tu veux pouvoir sortir à ta guise. Pas de problème… mais alors tu te débrouilles pour financer ton indépendance. Donc si tu choisis de vivre à la maison, ce sont les règles de la maison qui s’appliquent : pas de sortie sans qu’on le sache ou que tu nous le demandes, pas de voiture si tu ne peux pas payer l’assurance et l’essence… »
Ce qui ne permet finalement que rarement la liberté tant rêvée !

 
Bref, on n’est pas encore grand à 18 ans !
En plus le développement du cerveau est loin d’être terminé… Pour info, il se termine entre 25 et 27 ans en moyenne.
Je trouve d’ailleurs qu’il est intéressant, sociologiquement, d’observer dans le temps ces jeunes de 18 ans :
Mes 18 ans, je les ai eus en 1983. Alors certes, j’étais sérieuse et travailleuse et entourée d’ados qui me ressemblaient. Mais nous savions aussi nous amuser et sortir et faire quelques bêtises. Mais quand je regarde les photos, on faisait « sérieux », moins maquillées pour les filles, habillés de façon plus stricte pour les garçons et surtout notre parole nous engageait : ce qu’on disait, on le faisait. Bien sur, la mode a évolué. Mais ce que je vois aujourd’hui chez tous ces jeunes, c’est comme s’ils voulaient se vieillir,  pour être pris au sérieux… et pourtant  ils font souvent « sauter les codes » en étant moins respectueux. Combien de mes amis chefs d’entreprise râlent contre ces jeunes qui supplient pour avoir un petit boulot, mais ne se présentent pas quand ils réalisent qu’il faut se lever tôt, travailler dur et gagner peu.
Et d’autres n’essayent même pas… parce qu’on leur montre un monde trop dur, un monde trop pessimiste… la seule chose qu’ils se disent c’est « profitons en maintenant, parce que demain… le monde n’existera peut être plus ».

Et ce n’est évidemment pas vrai pour tous les jeunes, certains sont plus que à la hauteur et sont même impressionnants. Et heureusement…

Mais ce que je vois, c’est qu’à 18 ans, en 2023 / 2024… on ne semble pas prêt du tout à vivre indépendant !

Alors non, ne les lâchons pas nos jeunes de 18 ans : continuons à les suivre, les accompagner, les aider… et les sanctionner quand ils le méritent. Parce que c’est en assumant ce que l’on fait (ou pas), que l’on devient vraiment grand !

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